Un corridor vital coupé, mais des solutions émergent
L’insécurité persistante à Gressier et Léogâne a complètement paralysé le transport terrestre entre Port-au-Prince et le Grand Sud. Les attaques de gangs, les routes bloquées et les risques d’embuscades ont poussé de nombreux habitants et commerçants à trouver des moyens alternatifs pour se déplacer et acheminer des marchandises. Malgré les dangers, plusieurs stratégies ont été adoptées pour contourner cette crise.

1. Les routes secondaires et les sentiers à moto
Face aux barricades et aux attaques sur la route nationale, certains voyageurs empruntent des chemins secondaires à travers les montagnes. Des chauffeurs de motos-taxis expérimentés proposent désormais des trajets via des sentiers escarpés reliant Kenskoff à Jacmel. Bien que plus longs et risqués, ces itinéraires permettent d’éviter les zones sous contrôle des gangs. Cependant, ces trajets sont coûteux et restent dangereux en raison des risques de vols.
2. Le transport maritime, une option qui gagne en popularité
Avec les routes principales devenues impraticables, certains commerçants et habitants optent pour le transport maritime. Des petits bateaux effectuent des trajets entre Carrefour, Petit-Goave, Miragoane et d’autres localités du Grand Sud. Ce mode de transport, bien que limité en capacité, devient une solution privilégiée pour acheminer des produits de première nécessité et permettre à certains passagers d’atteindre leur destination. Toutefois, les conditions de sécurité en mer et les tarifs élevés restent des obstacles.
3. Le covoiturage organisé via les réseaux sociaux
La solidarité s’organise également en ligne. Des groupes WhatsApp et Facebook sont utilisés pour mettre en relation des conducteurs et des passagers cherchant à se déplacer vers le Grand Sud. Certains voyageurs profitent de convois organisés par des entrepreneurs ou des organisations locales qui sécurisent leurs trajets avec des escortes armées. Ces initiatives permettent de réduire les risques d’attaques isolées, bien que le danger demeure.
4. L’alternative aérienne : l’aéroport des Cayes
Pour contourner les routes bloquées, l’aéroport Antoine Simon aux Cayes a été déclaré prêt à accueillir des vols internationaux. Si cette option reste limitée en raison des coûts et de la disponibilité des vols, elle représente une lueur d’espoir pour les personnes ayant les moyens de l’utiliser. Des discussions sont en cours pour permettre l’ouverture de liaisons nationales facilitant l’acheminement des marchandises et des voyageurs.

Antoine Simon Airport of Les Cayes, Haiti
S’adapter en attendant des solutions durables
En l’absence d’une intervention efficace des autorités, les Haïtiens continuent de s’adapter à cette nouvelle réalité en trouvant des alternatives de transport. Cependant, ces solutions restent précaires et souvent coûteuses. Si l’État ne parvient pas à reprendre le contrôle des routes stratégiques, ces initiatives risquent de devenir la norme, au détriment d’une reprise économique durable et d’un retour à la stabilité.
Christana Augustin – GSCP Haiti